Homme ou Femme

zsw

09/10

The Danish Girl, réalisé par Tom Hooper, est un film bouleversant qui permet de mieux comprendre le mal être et l’état d’esprit qu’a pu connaître le monde transgenre par le passé en relatant les événements du premier homme, Einar Weneger, subissant une opération chirurgicale afin de devenir une femme.

DOUBLE IDENTITÉ

Eddie Redmayne est un passionné, on peut le ressentir dans son interprétation tout le long du film. Il m’avait déjà impressionné en 2015 pour Une merveilleuse histoire du temps, mais je trouve qu’il va encore une fois au delà de la performance pour Danish Girl, et mérite bien sa nomination aux Oscars 2016 (en espérant qu’il obtienne encore la statuette cette année, ce serait mérité).

il a la chance d’avoir une anatomie et un faciès particulier lui permettant aisément de jouer homme ou femme. Selon moi, l’acteur (comme le personnage) réussit naturellement à reproduire les mouvements féminins, et à relever ce qui appartient à la féminité. Nous ressentons à travers son jeu la difficulté de s’ouvrir et de se révéler complètement en devenant Lili.
Nous pouvons percevoir sa détresse à travers ces saignements de nez, ses maux de têtes, malgré que ce soit une hisotire vraie, je trouve que le scénario a parfaitement été adapté pour montrer que le corps lui-même ne se reconnait pas, et refuse d’exister en temps qu’homme et se bat physiquement pour devenir une femme.

L’aspect psychologique est aussi très complexe car Eddie Redmayne sépare complètement ses deux entités : Einar et Lili.
L’un ne peut accepter l’autre et on constate une vraie séparation comme si deux personnes existaient dans le même corps avec la puissance de Lili qui l’emporte sur celle d’Einar fatigué de se battre et d’exister, il veut laisser sa place afin de libérer qui il est réellement.
Il y a donc un effet miroir, une balance entre l’homme et la femme, des faits qui pour l’ensemble des médecins font comprendre qu’il est soit malade, soit schizophrène, soit homosexuel.

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L’ART DE LA PEINTURE, MÉTAPHORE D’UNE VÉRITÉ

Le scénario est parfaitement écrit sans en faire trop, sans rentrer dans le cliché (sauf peut-être pour la scène où deux français se moquent de Einar et le battent juste après, mais là aussi on pourrait voir une justification pour ce passage qui montre la soumission des transexuels ou des homosexuels à cette époque).

Il y a une certaine nuance dans la manière de faire apparaitre Lili.
En effet, tout commence par la peinture, et l’idée de servir de modèle à sa femme Gerda pour finir un tableau non terminé. L’univers artistique du jeu d’acteur, et de la peinture, sont les premiers éléments permettant à Lili d’apparaitre, et je trouve cette idée d’exister ingénieuse, car elle apparait furtivement puis s’impose au fur et à mesure de l’avancement du film. Je pense notamment à la scène où Einar récupère des costumes pour se déguiser ou encore celle où il observe une prostitué faire son show, tout en essayant de l’imiter et de récupérer ses mimiques. Cette scène est probablement la plus symbolique du film car nous avons tous les éléments de la féminité et ses mouvements, présentés sous formes d’inserts et de gros plans presque nécessaires. Nous avons un parallélisme sur le même plan entre les mouvements de la prostituée et ceux d’Einar par son reflet sur la vitre, ce qui présente une fois encore la notion de miroir. Cet effet de dévoilement permet justement à Lili d’exister tant qu’Einar n’est pas sûr de lui quant à ses choix à travers son reflet du miroir, mais aussi par les peintures de Gerda, laissant planer l’ombre de Lili sur le couple.

LE COURAGE DE GERGA

On ne peut pas parler d’Eddie Redmayne sans Alicia Vikander qui est aussi essentielle dans la compréhension et l’aboutissement de cette histoire.
En effet, il faut retenir malgré tout que c’est à cause d’elle que Lili émerge au départ. Tout ceci pour elle était un simple jeu, mais ces révélations assez dramatiques font que nous sommes obligés de montrer notre sympathie pour Gerda qui finalement est l’autre femme. « L’autre femme » dans le sens que c’est l’histoire d’Einar face à Lili, et qu’il laisse son amour pour Gerda de côté pour qu’il puisse s’accomplir et devenir femme.

Il est vrai qu’au départ je suis allé voir ce film surtout pour apprécier le jeu et le talent de Redmayne, mais Alicia Vikander fut aussi une vraie surprise qui joue un rôle tout aussi important et intense que celui de Einar/Lili. Nous nous attachons facilement à cette pauvre femme qui accepte et permet même l’aboutissement de la quête d’Einar, à travers son amour, elle cède finalement sa place et sacrifie son mariage pour que Lili existe. Nous sentons derrière ce duo d’acteurs que ce soit avec Lili ou avec Einar une alchimie sincère.
Ce n’est finalement pas l’histoire de deux, mais bien de trois personnages Einar, Lili et Gerda.

EN CONSLUSION

Pour conclure, ce film montre une très bonne réalisation avec des gros plans, un cadre justifié et un beau montage permettant à Redmayne de montrer toutes ses facettes homme/femme, ainsi qu’une bande son réussie afin d’apporter une atmosphère et des émotions fortes que le spectateur pourra ressentir tout le long du film.
Pour ma part, je considère cette oeuvre pas seulement comme un film d’auteur ou film autobiographique, mais plutôt, et surtout, comme un film historique montrant l’héritage laissé par Einar Weneger et aussi l’émergence, l’affirmation de tout un monde qui est celui de la transsexualité.

Ce film très beau, intriguant, troublant, mérite ses nominations aux Oscars, et il est certain que je le reverrai prochainement.

Avec Eddie Redmayne, Alicia Vikander, Matthias Schoenaerts, Ben Whishaw, Amber Heard, Sebastian Koch, Adrian Schiller, Emerald Fennell, Rebecca Root.

Bande annonce du film

tdg

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