Hayao Miyazaki s’élève…

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08/10

 Après avoir vu une seconde fois ce film, plus d’un an après sa sortie, j’admets que Miyazaki termine sa carrière sur un véritable chef-d’oeuvre.
Tout dans ce film le présente comme sa dernière création qui est, surement, le plus personnel qu’il a pu réaliser.

Une magie plus nuancée

J’avais apprécié la première fois, et reconnaissais une vraie qualité scénaristique et visuelle, mais je m’étais peut-être pas rendu compte de son impact. Il est vrai que tout ses films d’animation (9 sur 10) présentent un élément de fantaisie assez explicite à travers une nature surpuissante, de la magie, des sorciers, ou des mondes imaginaires.
Ici, c’est la première fois que la magie transparait de manière implicite avec les rêves de Jiro comme seul élément fantastique. C’est donc son premier (et dernier) film où tout est extrêmement réaliste, et je dois dire que même si je préfère le voir travailler et expérimenter dans l’univers fantaisiste, selon moi, il a parfaitement eu raison de ne pas le refaire pour montrer l’étendu de son talent et de son intelligence à travers ses différentes oeuvres.

Son testament

On ressent vraiment une autobiographie sincère dans ce film quant à la façon dont il représente sa culture, l’histoire de son pays et les crises qu’il a enduré autour de la guerre, ou encore au séisme de Kanto qui causa d’énormes dégâts pour le peuple japonais (qui est d’ailleurs l’un des plus beaux passages que Miyazaki a dessiné pour ce film).

Ce film testamentaire présente d’autant plus ce qu’il aime par dessus tout en dehors de l’animation : la magie du vent, mélangé à l’intensité du monde aéronautique. On a toujours vu dans ses dessins un minimum d’allégories en lien avec la nature, le vent et la puissance des airs avec des machines ou des outils permettant de voler (notamment pour Nausicaä, Totoro, Kiki, Le Château dans le ciel, Le Château ambulant, et aussi particulièrement pour Porco Rosso). Il montre ainsi de façon très majestueuse l’autre rêve de sa vie : construire et maîtriser des avions. Nous ressentons ainsi vraiment tout l’amour et le respect qu’il a pour l’aviation en retraçant l’histoire de l’ingénieur en aéronautique Jiro Horikoshi, on peut voir qu’il s’est réellement documenté et inspiré de sa vie pour en faire un film très poétique.
On le voit à travers ses magnifiques dessins d’appareils et les sons qu’il a incorporé quand ils démarrent, quand ils décollent (ou même quand ils s’écrasent), le moindre son et bruit de machine est réfléchit et travaillé.

Autre fait qui peut présenter la métaphore de la conclusion et la fin de sa carrière : à travers les rêves réunissant Jiro et Caproni.
Ce dernier explique qu’il a apprécié réellement 10 ans de sa carrière avant d’arrêter son travail, à travers ses discours, on peut comprendre les émotions et le ressenti de Miyazaki sur son propre parcours depuis plus de 30 ans.

En conclusion

Pour terminer, je trouve aussi ce film très réussi d’un point de vue scénaristique (et visuelle, je suis très impressionné par les dessins et couleurs dans ce film). Je crois que c’est le mieux réalisé, le mieux écrit parmi ses dix longs-métrages.
En deux heures des passages peuvent paraître longs, certes, mais chacun semblent nécessaires et intéressants pour s’intéresser à la vie complète de Jiro passant de la petite enfance, à ses études dans l’aviation qui concentre plus de quarante minutes lors de la première heure du film, avant de faire une pause d’un point de vue plus personnel pour voir une autre facette de héros tombant amoureux pour la première fois.
Ainsi, en dehors de l’aviation, les relations amoureuses, les peurs de la tuberculose, la vie en elle-même sont symboliques dans ce long-métrage.

Tous ces éléments font qu’en l’ayant vue une deuxième fois, je considère et reconnais peut-être son dernier film comme son plus aboutit et son plus réfléchit.
Surement son oeuvre la plus accomplie.

Bande annonce du film

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